3e dimanche après la Pentecôte
«Ne vous inquiétez pas pour votre
vie»
Les
évangiles des deux dimanches précédents nous ont montré que, pour suivre Jésus,
il faut abandonner les préoccupations terrestres. Nous nous demandons
alors : « Mais de quoi vivrons-nous ? » l’évangile du
troisième dimanche après la Pentecôte (Mathieu 6 :22-33) nous met en garde
contre cette inquiétude. Il faut unifier notre vie intérieure, nous dit
Jésus : « Si donc ton œil est sain, ton corps tout entier sera dans
la lumière…Nul ne peut servir deux maîtres… Vous ne pouvez servir Dieu et
l’Argent… Voilà pourquoi je vous dis : ne vous inquiétez pas pour votre
vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez »
Si le Père céleste nourrit les oiseaux de l’air, s’il revêt les lys des champs,
qui « ne peinent ni ne filent », de couleurs plus glorieuses que
celles de Salomon lui-même, combien plus il veillera a nos besoins ! Ces
paroles de Jésus doivent être comprises avec discernement. Il y a des hommes
que Notre-Seigneur appelle à le suivre dans la pauvreté absolue. La majorité
des hommes, ayant des responsabilités familiales et sociales, doit y faire face
par le travail. Notre-Seigneur ne condamne pas, en ce qui concerne les biens
terrestres, une prudence commandée a la fois par la justice et la charité. Mais
il condamne l’avarice et une anxiété qui indique un manque de foi. « Votre
Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela… Cherchez d’abord le
Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît ».
Que celui dont la vocation spéciale est de se dépouiller de tout et celui, dont
le devoir est d’assurer la vie matérielle des siens aient tous deux
confiance : le Père ne les abandonnera pas, mais ils doivent, l’un et
l’autre, chercher avant tout le royaume de Dieu et sa justice, dans leur propre
conscience et autour d’eux[i]
. Telles sont les deux idées principales – primauté de la recherche du royaume
de Dieu, confiance en la bonté du Père par rapport aux besoins de la vie – que
nous devrions emporter ce matin de l’église ou nous avons entendu lire
l’Evangile.
L’épitre
(Romains 5 :1-10) débute par cette phrase : « Ayant donc reçu
notre justification parla foi, nous sommes en paix avec Dieu, par
Notre-Seigneur Jésus-Christ ». En effet, « la preuve que Dieu nous
aime, c’est que le Christ, alors que nous étions pécheurs, est mort pour
nous ». Mais la mort du Christ n’est pas une assurance de salut pour celui
qui ne vit pas conformément au Christ. Si nous avons été réconciliés avec Dieu
par la mort de son Fils, « combien plus, une fois réconciliés, serons-nous
sauvés par sa vie ». La justification par la foi (et non par nos mérites
personnels) est un principe qu’il ne faut jamais perdre de vue. Cette
justification doit toutefois se manifester par une charité patiente et
agissante. « Nous nous glorifions des tribulations parce que l’amour de
Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné »
La foi justifiante n’est pas un résultat final. Elle est le point de départ, la
racine des bonnes œuvres.
[i] Une Eglise riche est dans un état
de danger. Une Eglise désireuse de richesses roule sur la pente des scandales
et des catastrophes. L’histoire ecclésiastique est souvent l’histoire d’un
terrible jugement de Dieu porté sur l’élément humain de l’Eglise.